Toutes les patientes qui ont reçu un traitement contre le cancer du sein ne vont pas forcément souffrir d’un lymphœdème, aussi appelé phénomène des gros-bras.
Elles sont même de moins en moins nombreuses à souffrir de ce problème de circulation du système lymphatique.
Pour autant, chez les femmes soufrant d’un lymphœdème, la situation peut devenir très handicapante au quotidien : aux douleurs, s’ajoutent un mal-être liée à l’aspect esthétique (la prise de volume du membre peut être impressionnante).
Pour autant, avant le traitement, il existe des moyens de prévention. Ces deux aspects sont nécessaires.
Ainis, chez les patientes, le bras qui a eu la chirurgie, reste en souffrance. Il est plus fragilisé. Concrètement, il peut être sujet aux infections provoquées par des « petits-riens » comme des égratignures ou une piqûre d’insecte. Ces éléments sont des facteurs de risque d’œdème du membre fragilisé, surtout après une chirurgie.
L’apparition d’un lymphœdème est due à l’accumulation de la lymphe qui ne se fait plus par les ganglions lymphatiques, et à la graisse.
La cause première est l’ablation des ganglions lymphatiques. C’est le curage axillaire. Cette chirurgie complète la tumorectomie du sein faite quand la propagation des cellules du cancer se fait dans les ganglions lymphatiques.
Photo du lymphœdème du bras en schéma pour une meilleure prévention de l’œdème
Voici un schéma qui illustre ce phénomène d’œdème du membre supérieur avec :
- un bras normal
- et un bras atteint de lymphœdème suite à l’ablation des ganglions lymphatiques.
Ainsi, le lymphœdème a une répercussion esthétique, mais a surtout des conséquences importantes en termes de qualité de vie.
Comme toujours, il n’existe pas de solution miracle pour ce problème. Malheureusement.
En revanche, il existe des traitements et astuces qui peuvent atténuer la pénibilité du lymphœdème du bras comme je le développe également dans mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible.
Voici cinq exemples de suivis et d’astuces pour répondre à la question essentielle Comment éviter et prévenir un lymphœdème du bras ? :
1.- Contre le lymphœdème, les drainages lymphatiques sont très utiles
C’est la première recommandation mise en œuvre. Le drainage lymphatique consiste à diminuer l’accumulation de la lymphe par l’action mécanique du drainage comme sur la photo suivante :
Ce sont les kinésithérapeutes qui exercent ces techniques de traitement après la chirurgie. La prescription est faite par un médecin (oncologue ou traitant).
Par l’action de leur main exercée dans ce drainage, les kinésithérapeutes font circuler la lymphe. Ils stimulent le système lymphatique du membre malade.
Mécaniquement, la lymphe est évacuer et donc, le gonflement est diminué au niveau du membre malade. La peau et plus souple. Il ne doit pas y avoir de douleur.
En prévention, le massage lymphatique est le pivot des soins pour les patientes ayant eu un curage axillaire.
Il existe cependant deux freins à l’accès aux drainages lymphatiques pour les patientes et malades du cancer du sein :
1 – trouver un kinésithérapeute spécifiquement formé à cette technique est difficile,
2 – la rémunération de l’acte étant faible, certains professionnels ne souhaitent pas proposer ce type de soins.
Par ailleurs, il existe des sortes de dispositif de compression pneumatique, à l’instar des bottes de pressothérapie pour les jambes, pour soigner le lymphœdème du bras. Le prix d’acquisition est assez élevé (plus de 300 €). Renseignez-vous auprès de votre kinésithérapeute ou votre oncologue pour connaître leur avis sur ce dispositif médical.
Certains cabinets de kinésithérapeute en proposent durant les séances.
Pour moi, en prévention du risque ou en traitement du gonflement du membre, il est bien utile d’associer ce drainage lymphatique manuel avec d’autres approches.
2.- Après le cancer du sein, en prévention du lymphœdème : quel choix pour le manchon de compression ?
Autre soin qui permet de prévenir le risque de lymphœdème du bras après un cancer du sein est le manchon compressif. Le principe est le même que les bas de contention pour les jambes. Par une action mécanique de compression, ce dispositif va empêcher l’accumulation du liquide dans le système lymphatique sur le membre à traiter et, ainsi, freiner la formation de l’œdème.
Ils ont le même objectif que les bandages.
C’est le médecin qui va prescrire l’acquisition d’un manchon de contention pour le bras. L’Assurance Maladie rembourse une partie de l’achat de ce traitement particulier. Le reste à charge est un important pour les patientes.
Bien acheter son manchon contre le lymphœdème est essentiel pour les femmes. Un peu comme pour les prothèses mammaires externes, il faut aller chez un orthopédiste compétent et bienveillant (ça ne va pas toujours de pair). De préférence, il vaut mieux prendre rendez-vous avant de se déplacer et évite (ou limite) le risque de déconvenue.
La prise des mesures doit être impeccablement faite avant la formation de l’œdème. La compression doit se sentir, sans créer un problème de circulation lymphatique ou sanguine (comme un garrot). Il ne doit y avoir aucune douleur.
Par ailleurs, le lymphœdème peut être acheté avec un gant pour éviter cet effet garrot. C’est même souvent recommandé pour la plupart des patientes.
Pour ce traitement qui agit aussi en prévention du gonflement du membre, l’idéal étant de prendre les mesures le matin, après un drainage lymphatique.
3.- Les cures thermales post-cancer du sein contre le « gros-bras »
Les cures thermales sont un traitement qui concerne plusieurs pathologies.
La cure est annuelle et la prescription est faite par un médecin.
Souffrir d’un lymphœdème peut être une indication pour suivre une cure thermale médicalisée post-cancer. La cure thermale médicalisée dure trois semaines.
Certains centres de soins ont développé des programmes et traitements spécifiques en phlébologie contre le lymphœdème. A titre d’exemple, c’est le cas dans la station thermale Argeles sur Gazost, en hautes Pyrénées, Occitanie ou Luz Saint-Sauveur.
D’autres centres de cure thermale ont développé des soins pour apaiser les brûlures de la radiothérapie et des cicatrices de la chirurgie comme La Roche Posay pour une orientation en dermatologie.
Les bienfaits des cures thermales sur le lymphœdème reposent sur l’action mécanique de l’eau lors des soins, ainsi que sur les propriétés de l’eau de la source utilisée.
Les cures thermales médicalisées (ce ne sont pas des séjours de « remise en forme ») sont remboursées, en partie, par l’Assurance Maladie. Certaines mutuelles proposent également un forfait « cure thermale » avec, parfois, un remboursement d’une partie de l’hébergement ou des options de confort.
Sur les cures thermales, le lymphœdème et l’achat de la prothèse externe, vous trouverez plusieurs développements dans mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible.
4.- Le sport et cancer du sein : les exercices contre le lymphœdème
Même après une reconstruction du sein post-cancer, le lymphœdème du bras peut apparaître car le système lymphatique a eu des séquelles.
Contre le phénomène du gros-bras en plus des traitements, intégrer de nouvelles pratiques à son hygiène de vie peut s’avérer être une prévention efficace au niveau de l’œdème et de la peau.
Sans contre-indication de son médecin, l’idéal est d’aller à la piscine de nager sur le dos, bras le long du corps. Des exercices d’aquagym peuvent également être très bénéfiques.
Votre kinésithérapeute pourra vous conseiller de faire tous les matins, ou tous les soirs, des exercices à faire à la maison.
En complément, il y a cette vidéo du CHU de Montréal (CHUM) que je trouve très bien faite avec la méthode Casley-Smith :
Par ailleurs, il y a des sports qui aident face au cancer du sein comme le dragon-boat très populaires après un cancer du sein.
Toutes ces pistes ne vous conviendront pas forcément pour soigner le lymphœdème du bras ; mais il suffit d’en trouver une qui vous convienne bien et qui vous soulage durablement.
De plus, plusieurs études scientifiques tendent à démontrer qu’avoir une activité physique régulière baisse le risque de rechute. Du coup, intégrer de nouvelles activités à son quotidien soulage le présent et minimise les risques pour l’avenir. Autrement dit, il n’y a que du bénéfice à faire du sport et des exercices.
A titre d’exemple, il y a les Dragons Boat, qui plaisent à d’anciennes malades du cancer du sein.
5- Savoir se saisir du bon usage d’un cousin d’allaitement en prévention pour soulager le lymphœdème
Les cousins d’allaitement sont des sortes de « gros traversins » largement utilisés par les femmes lors de leurs grossesses et pendant la période d’allaitement du bébé. Ces accessoires permettent d’avoir une bonne position et d’être lovées, enveloppées lors des positions statiques : allongées, semi-allongées ou assises.
A mon sens, cet accessoire gagne à être connu chez les personnes affaiblies physiquement comme après une opération, ou lors de la vie de tous les jours. Dans notre cas, ces cousins d’allaitement peuvent être très utiles pour réduire le phénomène des gros bras.
En effet, le cousin d’allaitement permet de surélever le bras fragilisé. Par l’action de la gravité, la lymphe aura plus de mal à s’accumuler dans le bras.
Pour bien choisir le cousin d’allaitement, il faut veiller à ce qu’il soit léger (ce qui n’est pas le cas des versions « bio » à grain) et maniables (éviter les modèles à fibres).
Personnellement, je trouve le modèle Big Flopsy de Red Castel très bien. Il faut compter environ 70 € pour un neuf. Et vous en trouverez beaucoup d’occasion sur internet avec des prix pouvant aller jusqu’à 15 €. Les mères s’en servent très peu, ils sont souvent en très bon état.
Puisque les punaises de lit sont un phénomène en pleine explosion, mieux vaut être prudent et mettre votre cousin d’allaitement acheté d’occasion au congélateur pendant une semaine avant de l’adopter définitivement.
Quelle prévention des complications du lymphœdème du bras ?
Par ailleurs et en conclusion, en tant que patiente, il me semble essentiel de connaître les complications du lymphœdème qui sont fréquentes sur la peau.
Tout d’abord, les patients doivent connaître les moyens de réduire les risques de complications. Mais ils doivent aussi savoir identifier les signes d’alerte pour réagir en conséquence et ne pas banaliser les signes et symptômes constatés.
A titre d’exemple, il est essentiel de savoir ce qu’est un érysipèle (complication fréquente du lymphœdème).
En effet, sans cette connaissance, le patient peut vite être démuni face à une situation potentiellement grave. C’est pourquoi, comme je le détaille dans mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible, il est important de bâtir un dialogue constructif avec vos soignants (médecins, infirmiers, orthopédistes, …) et avoir le maximum d’informations qui vous seront utiles en cas de complications.
Je suis un homme de 73 ans et un grave mélanome au thorax opéré en 2013 avec curage axiliaire m’a également doté d’un gros bras. Ce dernier ne s’est pas développé immédiatement mais j’ai vite remarqué les effets néfastes de la chaleur sur mon bras. Une coronaro graphie pour pose d’un stent il y a 6 mois à vraiment accentué le problème. Peut-être aurais-je dû prévenir le chirurgien mais l’idée ne m’en est pas venue. C’est une publicité sur les bienfaits du trampoline pour la circulation lymphatique qui m’a amené à un acheter un. 10 minutes 3 ou 4 fois par semaine devant des clips de bons vieux rock’n’roll se révèlent efficaces. Il faut bien s’assurer que le bras participe au bondissement car on peut avoir le (mauvais) réflexe de le garder à l’horizontale pour maintenir notre équilibre. J’adore ce sport et tout mon réseau lymphatique en profite. Je vous souhaite donc à toutes et tous une récupération bondissante!
Gabriel
bravo et merci …..je me trouve sans kinésithérapeute avec le confinement covid 19….heureuse d’avoir trouvé votre site et tous vos conseils
A 73 ans , après un cancer en 1996 et une rechute en 2009 , j’ai un lymphoedème , ce qui ne m’était jamais arrivé ….j’avais oublié les gestes de précaution …trop de piano , de ménage , d’ordinateur ..et voilà ! c’est un petit rappel à l’ordre qui me fait penser qu’il ne faut jamais oublier le risque et donc ne jamais oublier que l’on a eu un cancer du sein ( j’ai eu double masectomie en 2009 et 2010 et ma fille à 29 ans en 2014 après la recherche génétique )
votre vidéo est formidable et je sens déjà le bénéfice après quelques séances . je vais continuer au quotidien
j’ai toujours mené une vie normale pendant et après mes cancers ..toujours continué à enseigner le piano…c ‘est bon pour le moral de travailler . Il faut simplement apprendre la modération dans les activités ….je ne porte jamais de pulls ou gilets serrés …plutôt des vestes avec manches un peu larges ….blouses plutôt que t shirts manches longues serrées …..voilà mon témoignage qui peut être pourra aider certaines patientes …
encore un immense merci ….votre voix est apaisante et permet de trouver un peu de douceur et de réconfort
La vie est belle ….même sans seins …avec ou sans reconstruction …
MERCI.
Anne
je vous autorise à publier mon témoignage si vous pensez il peut être utile à certains ou certaines ( il ne faut pas oublier les hommes qui peuvent aussi bénéficier de votre enseignement )