Les tumeurs primitives et le cancer anal sont rares et concernent un peu plus d’une personne sur 140 000, en France. Les hommes sont légèrement plus touchés que les femmes. Les tumeurs anales malignes primitives représentent 2 % de la totalité des cancers digestifs. Avant de commencer, voici une question (et la réponse qui suit) pour poser le contexte :
L’anus, cela désigne quoi exactement ?
Le canal anal fait partie du système digestif.
Cet organe est une sorte de petit tube qui relie l’anneau anal au rectum. Il est entouré de muscle qui participe à l’évacuation des selles.
L’anus termine le processus de digestion des aliments déjà amorcé par l’estomac pour que les nutriments soient absorbés par l’organisme. Les aliments digérés seront ensuite poussés vers l’intestin grêle, puis le colon (gros intestin) pour enfin être évacués en passant par le rectum et le canal anal.
Sur mon site, je n’aime pas trop parler des « célébrités » qui sont malades du cancer, car la santé, la maladie appartiennent à la sphère strictement privée. Sauf, quand ces personnes décident de parler elle-même de leur maladie, souvent pour sensibiliser le public. C’est ce qui s’est passé par le cancer de l’anus et Marcia Cross.
Ainsi, et pour dépasser le tabou lié à cette zone de l’anatomie et ce cancer, la célèbre actrice de Desperate Housewife (la rousse magnifique et psychorigide), Marcia Cross, a déclaré dans la presse avoir un cancer anal en 2018.
Sommaire et points clés de l’article sur le cancer anal :
- Quels sont les types de tumeur du canal anal chez les patients ?
- Quelles sont les causes de ce cancer ?
- Quels sont les symptômes du cancer anal ?
- Comment diagnostiquer un cancer de l’anus ?
- La consultation en proctologie
- Cancer anal : Quels sont les examens pour les patients ?
- Quels sont les thérapies pour guérir ?
- Cancer : quels sont les effets secondaires des soins médicaux ?
- La rechute du cancer anal
Les types de tumeur et cancer de l’anus, ses causes et symptômes
Une tumeur de l’anus peut être bénigne, c’est-à-dire, qu’elle n’aura pas la capacité de former des métastases. C’est notamment le cas des polypes, des verrues, …. La gêne ressentie peut également être due à la présence d’hémorroïdes. Un avis médical est indispensable pour établir un diagnostic.
Comme nous le verrons plus loin dans l’article et en vidéo, ce premier diagnostic se fait souvent lors d’une consultation en proctologie.
Au niveau des tumeurs malignes anales et des muqueuses, il y a :
- Le carcinome épidermoïde: c’est la catégorie la plus courante de cancer de l’anus. Dans cet ensemble, il y a plus précisément les tumeurs comme :
- Le carcinome cloaco-génique, ou basaloïde / transitionnel
- Les carcinomes à grandes cellules kératinisant
- Et le carcinome à grandes cellules non kératinisant
- L’adénocarcinome
- Parfois le mélanome
- La tumeur stromale .
Facteurs de risque du cancer de l’anus chez les patients et ses causes
Maladie présentée comme multifactorielle, les causes de l’apparition d’un cancer sont très floues.
Aujourd’hui, il est estimé que les causes des tumeurs anales sont notamment :
- Le papilloma-virus (hpv), très fréquent : cette infection est associée à plus de 80 % des cas du cancer de l’anus.
Ce virus hpv est très présent chez l’homme. La plupart du temps sans gravité, il peut, parfois être la cause de certains cancers comme celui de l’anus, du col de l’utérus, etc. C’est pourquoi, certains médecins recommandent de vacciner les enfants à partir de 11 ans - Des antécédents personnels et familiaux de cancers de la vulve, du col de l’utérus, du vagin notamment,
- Avoir une baisse de l’immunité provoquée par un traitement (suite à une greffe) ou maladie (Sida),
- Le tabagisme par le passage des substances toxiques dans le sang,
- Certaines habitudes sexuelles,
- L’âge, ce cancer est souvent diagnostiqué aux alentours de la soixantaine,
- …
Symptômes d’une lésion anale cancéreuse
La plupart des cancers avancent de manière silencieuse, les signes annonciateurs et symptômes du cancer apparaissent comme tout à fait anodins ce qui rend le dépistage précoce difficile. Pour les tumeurs anales, les symptômes les plus classiques sont :
- Des douleurs, des crampes ou des démangeaisons au niveau de l’anus,
- Des saignements (sang sur le papier toilette) ou présence de mucus (liquide visqueux et quasiment transparent),
- Une diarrhée et / ou constipation persistante,
- Tension au niveau de la zone anale qui ne disparaît pas après l’évacuation des selles,
- Une masse au niveau de l’anus ou gonflement des ganglions lymphatiques dans la région anale ou de l’aine,
- Perte de poids inexpliquée,
- Perte d’appétit,
- Une fatigue,
- …
Les douleurs au niveau de l’anus ne sont pas synonyme de cancer. Les causes peuvent être très différentes comme un abcès ou des hémorroïdes.
C’est le médecin traitant ou spécialiste de l’anus (proctologue) qui pourra investiguer pour déterminer précisément la cause de ces douleurs. Quelque soit le symptôme du cancer de l’anus ressenti (douleur, pesanteur, saignement, …), il faut toujours demander un avis médical.
Diagnostic des tumeurs anales, dépistage et guérison d’une lésion anale maligne
Le dépistage d’une lésion cancereuse se fait de différentes manières souvent complémentaires.
La première étape est un échange avec votre médecin. Il est très important de lui signaler tout ce que vous avez constaté d’inhabituel, même si cela vous paraît sans importance. C’est sur cette base que votre médecin pourra aiguiller son diagnostic.
La consultation pour des douleurs au niveau de l’anus (vidéo)
Voici l’exemple en vidéo d’une consultation en proctologie, pour un patient qui a des douleurs très forte.
Attention, dans cette vidéo, des images peuvent heurter les sensibilités :
L’Hôpital des Diaconesses à Paris à ouvert une consultation de proctologie pour ce type d’urgences.
Douleur à l’anus : les examens pour poser le diagnostic du cancer anal (ou autre pathologie)
Ainsi, après cet échange et un examen clinique (palpation, parfois toucher rectal), votre médecin pourra demander des examens pour confirmer ou infirmer le diagnostic du cancer de l’anus :
- Analyses de sang avec numération formule sanguine et des selles,
- Une anuscopie,
- Une rectoscopie,
- et une coloscopie,
- Une radiographie pulmonaire,
- Une échographie abdominale,
- Scanner ou tomodensitométrie qui permet d’évaluer la propagation du cancer de l’anus aux ganglions et tissus voisins,
- Parfois I.R.M. et une scintigraphie osseuse,
- …
En fonction des résultats obtenus, une biopsie pourra être effectuée. Cet examen consiste à prélever des tissus pour les étudier au microscope, déterminer leur nature (cancéreuse ou pas) et identifier précisément la nature de la tumeur.
Les thérapies du cancer de l’anus pour guérir
Il existe plusieurs types de stratégies thérapeutiques pour combattre le cancer de l’anus et augmenter ses chances de guérison :
- la chirurgie est le traitement le plus classique pour une résection chirurgicale,
- de la radiothérapie externe, comme nous le verrons plus loin dans cet article, il y a de fréquentes irritations, voire brûlures,
- la chimiothérapie : Le choix des médicaments 5Fu (renseignez vous sur le test du DPD), mitomycine ou cisplatine (chimiothérapie à base de platine) dépend du type de tumeur de l’anus et de son avancée.
- la chimioradiothérapie qui associe chimio et radiothérapie en même temps,
- …
Les thérapies contre le cancer de l’anus peuvent être administrés seuls ou de manière combinée.
Ces thérapies contre les tumeurs malignes anales sont déterminées en fonction de la nature de la tumeur, de sa localisation, ses caractéristiques (son grade = son agressivité, son stade = son avancée) et de l’état général du patient. Le traitement contre le cancer est adapté au cas individuel du patient.
Sur ce cancer, il peut y avoir des essais cliniques en cours dans les centre de référence de lutte contre le cancer. Si vous êtes intéressé, n’hésitez pas à vous rapprocher d’eux.
Avant de passer aux effets secondaires des thérapies, voici une vidéo intéressante qui synthétise les soins médicaux du cancer de l’anus et du rectum, avec un témoignage d’un patient malade d’un cancer du rectum :
Choix des thérapies contre les tumeurs de l’anus : Le rôle de la RCP est crucial
En effet, c’est une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui va établir le programme de soins du patient en fonction du résultat des examens et notamment ceux de la biopsie et du bilan d’extension de la tumeur. Elle regroupe des spécialistes de l’oncologie dans des domaines complémentaires :
- des oncologues,
- des radiologues,
- si nécessaire des radiothérapeutes,
- des chirurgiens,
- des pharmaciens hospitaliers,
- parfois des informaticiens,
- et d’autres spécialités en fonction des dossiers.
Il existe une RCP pour chaque thématique : cancer digestif, gynécologique, etc. C’est cette commission pluridisciplinaire qui va proposer le traitement au patient.
Sachez qu’une fois que la proposition de traitement vous a été faite, vous pouvez demander un second avis.
L’idéal – à mon sens – est de le faire dans un centre de référence de lutte contre le cancer. Ce sont des structures totalement consacrées aux traitements du cancer avec un pôle recherche et un pôle soins. La demande d’un second avis est gratuite, certaines procédures peuvent même se faire directement sur internet. Il vous faudra communiquer l’ensemble de votre dossier médical dont il faudra demander les pièces – en amont – à votre hôpital.
Les solutions aux effets secondaires des thérapies du cancer anal
Tous les soins médicaux ont des effets secondaires et c’est particulièrement le cas des traitements contre le cancer de l’anus.
S’ils sont variables en fonction des personnes malades et du protocole de soins, ils n’en demeurent pas moins bien réels. Un entretien est souvent organisé avec une infirmière pour vous expliquer l’ensemble des effets secondaires généralement constatés pour le traitement retenu.
Globalement, lors des thérapies du cancer de l’anus, les effets indésirables les plus souvent ressentis sont :
- La fatigue,
- Des nausées et vomissements,
- Des périodes de diarrhée et de constipation,
- Une modification de la formule sanguine avec de possibles périodes d’aplasie,
- Une chute des cheveux et des poils (alopécie),
- Des brûlures notamment en cas de radiothérapie,
- Une infection à répétition,
…
Sachez qu’ils ne sont pas une fatalité et que pour chacun d’entre eux, il existe des solutions pour les combattre et ainsi mieux vivre les traitements du cancer de l’anus. Votre équipe médicale peut vous aider si vous les solliciter.
Par ailleurs, je consacre une grande partie de mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible aux moyens de soulager les effets secondaires des traitements du cancer.
Ce guide de référence est disponible sur Amazon et chez Ganaca, mon éditeur.
Le traitement des tumeurs de l’anus et le risque de thrombose veineuse
Durant les traitements contre le cancer, certains risques sont amplifiés.
En effet, les patients malades du cancer sont des sujets à risque concernant la thrombose veineuse, et sa complication majeure : l’embolie pulmonaire. Si vous êtes concerné, parlez à votre médecin de vos possibilités pour réduire ce risque (prise d’anticoagulants type héparine, port de bas de contention, etc.).
Les soins post-traitement du cancer de l’anus pour atténuer les séquelles
Grace à ma newsletter et aux réseaux sociaux, vous êtes nombreux à me suivre et m’écrire.
Une des mes fidèles lectrices m’a écrit pour me signaler son expérience très positive de cure thermale médicalisée à la station La Roche Posay, notamment pour soulager la peau des muqueuses et de la zone périnéale, fortement altérée par les traitements et la radiothérapie d’un cancer de l’anus.
Les soins thermaux pour apaiser les séquelles des brûlures de la radiothérapie (notamment) étaient les suivants : pulvérisation d’eau thermale, douches filiformes (eau sous pression) , « douches » en pulvérisation d’eau , des bains gazeux à 36 degrés et des massages en bas du dos.
Rechute du cancer du canal anal : comment l’éviter ?
Le cancer du canal anal touche 1000 personnes en France, tous les ans.
Parmi elles, certaines seront définitivement guéries après les traitements. Malheureusement, d’autres feront une récidive du cancer. Un des enjeux de la recherche médicale actuelle est de savoir prédire ces récidives. Avec cette prédiction, les médecins pourront adapter plus facilement les traitements pour qu’ils soient les plus efficaces possibles.
En août 2018, l’Institut Curie a publié une étude sur le rôle de l’ADN circulant dans le sang et son interprétation possible pour prédire le risque de rechute. L’institut Curie est un centre de référence de lutte contre le cancer. Comme une vingtaine de centres en France, ces structures sont totalement dédiées à la lutte contre le cancer. Elles sont dotées d’un pôle recherche et d’un pôle de soins.
Avec l’étude de l’ADN circulant et des biomarqueurs circulants, les médecins peuvent anticiper les effets de l’immunothérapie. Ces pistes de recherche sont encore à approfondir et confirmer. Elles constituent, malgré tout, une piste importante pour augmenter l’efficacité des soins médicaux contre le cancer du canal anal.
Si vous souhaitez en savoir plus sur cette étude pour prédire le risque de rechute du cancer de l’anus, consultez l’article de l’Institut Curie.
Crédits photo sur la présentation des lésions anales malignes : © Romolo Tavani – Fotolia.com, photo coloscopie : © Sebastian Kaulitzki – Fotolia.com