Le cancer du poumon est le 4ème cancer le plus fréquent en France après celui de la prostate, du sein et du côlon.
Chaque année en France plus de 49 000 nouveaux patients sont touchées par une tumeur cancéreuse pulmonaire. Ils sont 8 000 en Belgique et 4 200 en Suisse.
Dans cet article, je vais décliner les informations qui me semblent indispensables pour mieux vivre une opération d’un cancer du poumon du côté du patient.
Tout d’abord, il faut trouver le bon chirurgien et connaître les différents types d’interventions chirurgicales possibles.
Ensuite, il faut préparer la consultation avec le chirurgien et lui poser les questions incontournables. Je vous dirai comment faire.
Enfin, j’évoquerai les suites opératoires et la convalescence.
Comme vous le verrez (ou comme vous le savez déjà si vous me suivez sur les réseaux sociaux ou via ma newsletter), je pars souvent du principe qu’un bon dessin vaut mieux qu’un long discours. Concrètement, j’ai intégré beaucoup de vidéo aux paragraphes qui vont suivre. Attention, certaines images peuvent heurter les plus sensibles, puisqu’il s’agit d’opérations du cancer du poumon pendant lesquelles, la tumeur est retirée.
Comment trouver le bon chirurgien pour les opérations du poumon ?
La chirurgie est le premier traitement chez les patients malades du cancer.
Chez les patients, une intervention chirurgicale des poumons est nécessaire dans deux cas.
Soit pour prélever les cellules cancéreuses et analyser un nodule repéré lors d’un acte d’imagerie. C’est la biopsie pulmonaire. Soit pour retirer une masse tumorale déjà identifiée, il faut trouver le meilleur chirurgien possible.
Pour cela, pour ce traitement, vous avez trois pistes.
La première est de demander à votre médecin traitant le nom d’un de ses confrères qu’il recommanderait. Dans cette configuration, il faut éviter la naïveté. Ainsi, votre médecin traitant peut vous conseiller un de ses confrères qu’il considère vraiment comme le meilleur des chirurgiens du poumon. Soit, il peut vous envoyer chez un de ses bons amis de faculté qui travaille dans la clinique du coin et avec lequel il déjeune régulièrement. Ce confrère ne sera pas forcément le meilleur des chirurgiens, mais un bon ami-confrère.
Un moyen simple d’éviter ces écueils est de croiser les informations. Ce que je vais aborder dans les deux autres pistes.
Cancer et opération du poumon : comment choisir sont hôpital ? Faire le tri dans les centres de soins
La seconde piste est de vous rapprocher d’un centre de référence de lutte contre le cancer. Ce sont les centres unicancer comme l’Institut Curie (Paris), l’Institut Gustave Roussy (l’IGR de Villejuif), l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM). Ces structures de recherches sont des « experts » des cancers avec un pôle recherche et un pôle le traitement pour détruire les cellules tumorales.
Il y a une vingtaine de centres unicancer sur tout le territoire français. Tous les patients peuvent se faire soigner, ou demander un second avis dans ces centres.
La troisième piste est de regarder le classement des meilleurs hôpitaux en fonction des spécialités médicales. Tous les ans, la presse en publie. En août 2018, Le Point considérait que, pour le cancer du poumon, les trois meilleurs hôpitaux étaient l’Hôpital Nord (Marseille), l’Hôpital Civil (CHU de Strasbourg), le Centre Chirurgical Marie Lannelongue (Plessis-Robinson).
Ainsi, l’idéal est de coupler ces trois pistes pour avoir un éclairage « santé » le plus vaste possible. Si un nom de chirurgien ou celui d’une structure hospitalière revient souvent, ce n’est sans doute pas un hasard.
Il peut être également utile de se renseigner dans les centres de référence en cas de cancer inopérable du poumon.
Quelles sont les différents types de chirurgie du cancer du poumon ?
Le diagnostic du cancer du poumon et l’analyse des résultats de l’ensemble des examens passés, vont permettre de déterminer le protocole de soins le plus adapté parmi toutes les thérapies disponibles. Dans les traitements du cancer du poumon, quand elle est possible, la chirurgie est essentielle pour augmenter les chances de guérison.
Ainsi, pour une opération d’un cancer du poumon, il existe trois grands types de chirurgie. Le choix entre ces possibilités de traitement va être déterminé par le stade du cancer à retirer et son emplacement.
Le premier est la lobectomie. Cette intervention chirurgicale consiste à retirer un lobe du poumon. Le second est la segmentectomie indique une chirurgie qui ôte un ou plusieurs segments du poumon. La troisième est la pneumonectomie qui consiste à l’ablation du poumon.
Le schéma ci-dessus, en anglais (je n’ai pas trouvé l’équivalent en français) représente les segments pulmonaires. Il reste, cependant, très explicite sur la partie concernée par la chirurgie du poumon.
Le choix de la chirurgie et du type d’intervention envisagée est fait par le chirurgien en fonction de la tumeur identifiée (non à petite cellule ou petite cellule), l’avancée du cancer (son stade), son agressivité (son grade).
Avant de poursuivre et à titre d’exemple, voici une présentation de la prise en charge hospitalière classique pour une chirurgie du cancer du poumon. Elle se déroule à l’Hôpital Avicenne de Bobigny.
Chirurgie du cancer du poumon : qu’est-ce que la lobectomie ?
La lobectomie est la forme d’ablation la plus courante pour un cancer du poumon.
En France, environ 4 000 lobectomies sont réalisées tous les ans.
Les chirurgiens retirent le lobe du poumon, après analyse de la masse tumorale par l’anatomopathologiste (biopsie du poumon). En plus de l’ablation du lobe, le chirurgien prélève également les ganglions lymphatiques à proximité de la tumeur. Ce sont les ganglions sentinelles. Leur analyse déterminera la présence de cellules cancéreuses dans le système lymphatique. Le résultat conditionne l’administration d’autres traitements comme la chimiothérapie du cancer du poumon.
À titre d’exemple, voici comment se déroule une lobectomie. Cette ablation se passe à l’hôpital Foch à Suresnes :
Qu’est-ce que l’opération d’un cancer du poumon par le dos (thoracotomie postérolatérale) ?
La thoracotomie postérolatérale consiste à une ouverture du thorax dans le dos du patient.
C’est la forme de thoracotomie la plus fréquente.
L’incision se fait entre les côtes. Elle est généralement de moins de 20 centimètres. Les côtes sont ensuite écartées pour que le chirurgien puisse intervenir.
Dans certains cas, une opération vidéo assistée est possible. Cette forme d’intervention s’appelle la chirurgie vidéothoracoscopique ou thorascoscopie. Ce type d’intervention se développe depuis les années 2000. Cette technique est plus légère que la thoracotomie et ne nécessite pas d’ouverture du thorax.
La thoracoscopie : une chirurgie du cancer du poumon sans ouvrir le thorax
Cette forme d’intervention chirurgicale est mini-invasive.
La thoracoscopie dépend de la taille de la tumeur et de sa localisation. Il faut que la tumeur soit de petite taille et située sur les bords poumon pour être accessible.
Elle consiste à faire trois incisions de petites tailles. Une caméra et deux pinces chirurgicales seront insérées pour opérer et retirer la tumeur.
À ce jour en France, plus de 10 % des lobectomies se font par thoracoscopie.
Voici une vidéo d’une opération d’un cancer du poumon sans ouvrir le thorax. Sur ce documentaire sur la thoracoscopie, les chirurgiens opèrent au sein de l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris. Cet hôpital a été un des premiers à avoir des chirurgiens formés à cette méthode pour guérir des cancers :
L’Institut Mutualiste Montsouris de Paris est un établissement toujours très bien classé dans les palmarès grand public pour les patients.
Cancer du poumon : préparer la consultation avec le chirurgien
La forme de chirurgie retenue pour vous, vous sera présentée lors de la consultation avec le chirurgien.
À mon sens, comme je le décris dans mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible, il est fondamental de bien préparer cette entrevue.
D’une part, il faudra demander au chirurgien si c’est lui qui va vous opérer ou un de ses confrères (souvent un interne). Ce « détail » est loin d’être anodin puisqu’il s’agit de connaître le chirurgien qui va exercer son art sur… vous.
D’autre part, cette consultation est le moment de lui communiquer tous vos antécédents médicaux et vos traitements en cours. Il est également important de lui poser toutes les questions que vous vous posez en ayant pris soin de les avoir notées, au fur et à mesure, les jours précédents. Vous trouverez dans mon livre, une liste des questions qui sont incontournables.
Enfin, vous devrez savoir si des dépassements d’honoraires sont à prévoir.
Les dépassements d’honoraires d’une chirurgie pulmonaire
Lors des traitements contre le cancer, les traitements sont pris en charge à 100 % au titre de l’affection longue durée.
Mais attention, c’est 100 % du secteur 1, donc du secteur conventionné. Il peut y avoir des restes à charge avec les dépassements d’honoraires.
Les dépassements d’honoraires sont systématiques dans une clinique. Ils sont également possibles dans un hôpital public.
En effet, l’hôpital a des créneaux de consultations privées dans son enceinte. Ces consultations s’exercent donc en « libéral » au sein d’une structure hospitalière publique.
Dans les deux cas, si vos chirurgiens et anesthésistes opèrent en secteur 2, ils pratiquent des dépassements d’honoraires. Ainsi, avant le jour de l’opération, vous devez avoir un devis.
Vous pourrez ainsi vous rapprocher de votre mutuelle pour connaître le remboursement possible.
La prévention de la thrombose veineuse dans une opération du poumon
Les patients alités, comme c’est le cas en post opératoire, sont des sujets à risque concernant la thrombose veineuse.
Pour réduire les risques, vos médecins pourront prescrire des injections d’anticoagulant en post opératoire.
Ils pourront également vous prescrire des bas de contention avant l’opération.
Les bas de contention sont plus précisément des bas de compression veineuse. Ils sont également connus par l’appellation « bas à varice ». Leur objectif est très simple. En effet, ces dispositifs médicaux empêchent, par une action mécanique, la formation d’un œdème et la déformation des veines. Leur action diminue donc le risque de phlébite.
Il existe des modèles de bas de contention très variés pour les femmes. C’est également le cas pour les hommes.
Dans l’article suivant, vous trouverez de bons conseils pour bien choisir ses bas de contention (avoir eu un curage lomboaortique n’aide pas à avoir une bonne circulation sanguine).
C’est votre médecin traitant ou votre chirurgien qui vous prescrira ces bas de contention.
Quels sont les suites opératoires d’une chirurgie du poumon et convalescence ?
Les suites opératoires vont dépendre du type d’intervention chirurgicale exercé.
À la sortie du bloc opératoire, il y a plusieurs informations à garder en mémoire.
Au réveil, l’anesthésie peut provoquer des nausées.
Si des drains ont été placés, lors de leurs retraits, insistez pour que le vide soit retiré. Cette manipulation dure une seconde et évite des douleurs inutiles.
Une kinésithérapie pulmonaire sera mise en place rapidement après l’opération. Renseignez-vous, avant l’opération, pour savoir si vous avez besoin de continuer cette rééducation lors de votre retour à domicile pour trouver un professionnel qualifié… et disponible.
À côté de ces éléments à prendre en compte, pour vous faciliter la vie à la maison, voici deux conseils.
Deux astuces pour aménager son intérieur après une intervention chirurgicale du cancer du poumon
En raison de la fatigue liée à la chirurgie, vous serez sans doute assez fatigué. Il est important de vous reposer convenablement. En effet, aménager son lit et son canapé peuvent-être bien utile pour gagner en confort.
Ainsi, vous pouvez mettre (ou faire mettre) une corde solidement attachée au pied de votre lit. Pour vous relever, vous pourrez ainsi tirer votre buste à l’aide de cette corde. Cette astuce permet de ne pas mobiliser son thorax en post chirurgical d’une chirurgie pulmonaire, ni ses abdominaux.
De plus, pour trouver la bonne position pour être assis, vous pouvez vous équiper d’un coussin d’allaitement à billes. Ce sont des sortes de « gros traversins » qui permettent d’avoir un appui dorsal totalement adapté à sa morphologie. Les coussins d’allaitement sont légers. Avec leur aide, adopter une position confortable est plus facile. À titre d’exemple, le modèle de Red Castle Big Flopsy est très bien. On en trouve facilement d’occasion à des prix très accessibles.
Par ailleurs, un accompagnement avec un ergothérapeute pourra être utile. Certains hôpitaux proposent quelques consultations. Ces professionnels sont chargés d’accompagner les personnes en perte d’autonomie (comme c’est souvent le cas après une chirurgie) à s’adapter à leur environnement pour être le plus autonome possible dans leur vie. C’est une discipline qui gagne à être connue.
Comment se faire aider lors de la convalescence d’une chirurgie du poumon ?
La durée d’hospitalisation est de moins de 15 jours pour une ablation du poumon et de 10 jours pour une lobectomie.
Après une chirurgie du cancer du poumon, la convalescence dépasse largement le délai d’hospitalisation.
À titre d’exemple, il faut compter un mois en cas de kinésithérapie pulmonaire.
Par ailleurs, si le retour à la maison vous semble difficile après cette opération importante, n’hésitez pas à vous renseigner avant le traitement chirurgical sur l’admission en soins de suite et de réadaptation. Ces établissements sont peu connus. Ils permettent de limiter les conséquences des maladies ou des traitements dans la vie des patients et faciliter le retour à domicile et l’autonomie.
Dans cette optique, l’assistance sociale de l’hôpital (service oncologie ou de chirurgie) peut vous aider à étudier cette option, voire de monter un dossier d’admission, en lien avec votre équipe soignante.
En complément à cet article, voici le dossier du site e-cancer sur la chirurgie du cancer du poumon ici.
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