Les traitements contre le cancer et plus spécifiquement la chimiothérapie, provoquent souvent une modification ou une perte du goût (la dysgueusie) et de l’odorat, des nausées voire des vomissements. Pour les malades, conserver la faculté de se nourrir « tranquillement » devient parfois une véritable épreuve avec les changements des goûts.

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Comment surmonter la perte du goût ou le dégoût de la nourriture ?

Or, avec les thérapies, il est important de continuer à se nourrir correctement. C’est vrai pour éviter la dénutrition qui est un problème réel pour la santé des personnes malades d’une tumeur cancéreuse. À titre d’exemple, selon une étude publiée sur le site de l’INCa, plus de 30 % des malades du cancer perdent du poids durant les thérapies.

Mais c’est aussi vrai pour conserver une qualité de vie correcte du patient même face à la maladie.

Comme je le dis souvent sur mon site et dans mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible, il n’y a pas de remède miracle face à ces difficultés.

En revanche, il y a beaucoup d’astuces qui permettent de mieux vivre l’altération gustative et la prise des repas en luttant contre le dégoût provoqué par la nourriture. Avant de mettre ces conseils en place, il faut bien-sûr en discuter avec votre médecin. Les contre-indications et  interactions peuvent être tellement nombreuses lors du traitement contre le cancer, qu’il vaut mieux être prudent.

Cancer et troubles du goût et de l’odorat pour les patients

L’alimentation est au cœur de la vie et de la vie. Le goût est le pivot de l’envie de manger.

Il existe six sortes de saveurs bien distinctes : le goût salé, le sucré, l’acide (comme le citron), l’amer (comme l’amande amère et certains chocolats), le gras (crème fraîche, beurre). La dernière saveur est l’umami, mot japonais, elle est plus difficile à définir, car elle fait plutôt référence à la cohérence globale d’un plat qui le rend délicieux. La légende dit que le lait maternel est très riche en umami.

Cette dernière saveur stimule l’envie de manger.

Voici les différentes parties de la langue active dans la perception du goût et des saveurs :

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Parties de la langue et perception du goût

Le goût permet d’aller vers les aliments dont nous avons besoin. Il œuvre pour notre santé. Il est aussi le socle du plaisir de manger.

Or, pendant le traitement contre le cancer, le goût et l’odorat sont souvent bouleversés pour le patient. Ces troubles (agueusie ou dysgueusie) peuvent aussi être lié à la maladie en elle-même.

Leur altération est parfois réelle, comme s’ils s’étaient érodés : toute nourriture devient alors insipide. L’alimentation élémentaire devient difficile.

Ils peuvent se transformer : c’est le classique goût de fer dans la bouche quasi-permanent qui gâche le goût véritable des aliments et provoque du dégoût. Ce goût de métal vient directement des médicaments chimiothérapeutiques. Cela concerne 50 % des malades du cancer et peut s’étaler sur toute la durée des thérapies contre le cancer voire un après.

Idéalement, face à une perturbation, un changement qui rend le rapport à la nourriture et aux repas pendant un cancer, il faut privilégier les aliments qui conservent une saveur agréable pour les patients.
Il n’y a pas de solution universelle : certains patients ne supportent plus l’odeur de la banane (ou de la mangue, des kiwis et autres), quand d’autres ne mangent que cela. Il faut essayer de s’écouter, de poser les choses sereinement pour identifier les aliments qui « passent » bien pour vous.

Cancer : comment lutter contre les nausées et vomissements ?

Le dégoût de la nourriture provoqué par la chimiothérapie ou la radiothérapie peut également avoir pour causes les nausées chez le patient. Cela peut même empoisonner leur vie.

Les nausées se définissent comme avoir l’envie de vomir. Durant les soins, vous aurez quasiment systématiquement un antinauséeux comme les classiques Primpéran ©, Vogalène © surtout si votre protocole de soins comprend des molécules issus du  cisplatine (un dérivé du platine comme l’oxaliplatine ou le carboplatine), de la chlorméthine, de la dacarbazine, du streptozocine.

Les solutions simples contre les nausées du cancer

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Faire face au dégoût des repas

Selon moi, pour aider les patients à lutter contre les nausées des traitements contre le cancer, il y a plusieurs solutions à essayer.

Tout d’abord, vous pouvez fractionner vos repas et manger en petites quantités.

Vous pouvez également sélectionner des aliments qui évitent les odeurs fortes qui sont souvent très incommodantes. Lors de la préparation des repas, vous pouvez utiliser une hotte aspirante pour limiter les odeurs. Dans le même esprit, pour éviter que l’alimentation soit trop pénible, vous pouvez, prendre ses repas dans une pièce bien aérée (fenêtre grande ouverte si le temps le permet) ou en faisant une promenade juste avant.

L’homéopathie peut également vous aider tout comme l’utilisation des plantes. Par exemple, la préparation d’une tisane anti-nausées spéciale chimio dont la recette est assez simple.

En phytothérapie, certains conseillent de prendre du desmodium sous forme liquide. C’est une plante qui a des vertus protectrices du foie.

Avant de vous lancer sur ces pistes pour réduire les nausées, vérifiez les potentielles interactions avec votre protocole de soins auprès de votre équipe médicale. Au niveau des conseils, le site américain About Herbs a établi une base de données extrêmement complète sur les plantes, la phytothérapie et les interactions possibles avec les molécules médicamenteuses contre le cancer.

Coca et sorbet : un régime antinausée à tester et lutte contre la perte du goût

Par ailleurs, le coca est souvent présenté comme un remède contre la nausée. Je suis personnellement un peu dubitative sur cette affirmation. En effet, un verre de coca équivaut à 10 morceaux de sucre… ce qui est vite écœurant et mauvais pour la santé. Mais là également, l’important c’est de tester et de vérifier si cela marche pour vous pour dépasser ce dégoût de la nourriture.

De plus, comme je l’explique dans mon livre, sucer des glaçons peut également prévenir des nausées tout comme le fait de boire des sorbets très froids. Concrètement, le froid va provoquer une vasoconstriction qui va limiter l’impact des soins sur la muqueuse de la bouche et préserver ses cellules. C’est le même principe que le casque réfrigérant pour les cheveux.

Sur ce dernier point, il faut faire preuve de prudence, car la chimiothérapie permet de traquer, détruire les cellules cancéreuses dans tout l’organisme. Si, par une action mécanique, les molécules médicamenteuses sont empêchées de venir dans certaines parties du corps (ici la bouche), théoriquement les cellules tumorales pourraient s’y développer et créer des cancers secondaires.
D’où l’importance de discuter avec ses médecins sur les moyens de lutter contre la perte du goût, tout en limitant le risque pour la santé et la guérison.

Les vomissements liés au traitement des cancers

Il existe trois types de vomissements provoqués par la chimiothérapie : les vomissement dits « anticipés » qui se produisent avant l’administration des médicaments. Votre équipe médicale vous proposera peut-être des anxiolytiques pour les réduire. Les vomissements aigus qui surviennent dans les 24 heures qui suivent les injections. Et enfin, les vomissements retardés qui arrivent après le délai des 24 heures. Ces derniers sont parfois traités avec des corticoïdes.

Les médicaments chimiothérapeutiques connus pour provoquer des vomissements sont l’anthracycline, le cyclophosphamide et les sels de platine comme le cisplatine, le carboplatine et l’oxaliplatine.

Les solutions contre les vomissements sont – en grande partie – celles utilisées contre les nausées.

En plus, vous pouvez essayer les remèdes homéopathiques comme le nux vomica ou le complexe tout fait L114 qui contient de l’alcool (éthanol) donc attention a bien le diluer pour éviter d’irriter les muqueuses de la bouche.

Si vous avez des vomissements, il faudra de toute façon en parler à votre équipe soignante. Ils sont souvent liés à la chimiothérapie mais peuvent avoir une autre cause qui nécessite une prise en charge en urgence. C’est le cas des occlusions intestinales par exemple.

En plus des nausées et vomissements, les altérations d’une bonne nutrition en chimiothérapie peuvent également être provoquées par une bouche sèche, voire des craquelures de la langue. Là également, il y a des astuces qui peuvent vous aider.

Le jeûne thérapeutique et le cancer contre le dégoût de la nourriture

Dans les discussions entre les patients, le jeûne dit « thérapeutique » est souvent présenté comme  très positif pour limiter les effets secondaires du cancer et augmenter leurs effets positifs sur le cancer.

Initialement, je ne suis pas particulièrement attirée par cette pratique, mais j’ai tout de même cherché des informations précises sur les résultats du fait de jeûner lors de la chimiothérapie pour supporter les effets secondaires. Contrairement à ce que je pensais, le sujet n’est pas si confidentiel que cela. En effet, les liens entre jeûne et cancer ont même fait l’objet d’une thèse de médecine en 2011.

Les conclusions sont prudentes sur les bénéfices réels de cette pratique.

Selon moi, il faut être vigilant. Assez basiquement jeûner, cela veut dire priver l’organisme de son « carburant » : la nourriture ; ce qui revient à l’affaiblir.

Pour autant, cette pratique a de plus en plus d’écho. Ainsi, pour éviter tout problème : parlez-en directement à vos médecins (oncologues et traitants), pour vous faire votre propre opinion et connaître les points d’alerte.

Les conseils pour l’hydratation pour les malades du cancer

Bien s’hydrater en chimiothérapie veut dire deux choses.

La première, c’est de boire suffisamment pour bien hydrater son corps et éviter une accumulation des molécules chimiques dans les organes comme les reins. Dans cet esprit, certaines eaux peuvent rendre doublement service comme je le détaille dans mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible.

En effet, en plus de l’hydratation, les eaux d’Hépar © peuvent vous aider à réguler une constipation, les eaux de Saint Yorre ou de Vichy, grâce à leur forte teneur en bicarbonate réduisent l’acidité de la bouche et sont une prévention contre les nausées ou les aphtes.

La seconde, en fonction de la prise de certains médicaments, une hyperhydradation peut être nécessaire, toujours pour préserver la fonction rénale. Cela se passe par intraveineuse et vos urines seront recueillies pour vérifier leur bonne évacuation.

Pour conclure, je vous propose deux conférences sur les troubles de l’alimentation. Elles ont été faites à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif (IGR) avec Magali Pons, cadre diététicienne et le Docteur Bruno Raynard, médecin-nutritionniste, pour les patients malades d’une tumeur du sein et de la prostate. Mais l’information donnée dans ces deux conférences est utile à tous les patients (même ceux avec un diagnostic différent) qui ont des troubles de l’alimentation :

https://youtu.be/vcOwxPW5QHA

Crédits photo : photo de présentation Morganka bigtockphoto – sur la langue Peter Hermes Furian bigstockphoto

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