En cas de cancer gynécologique jeune, c’est-à-dire avant 45 ans, la question de la fertilité va se poser pour beaucoup de jeunes femmes qui souhaitent avoir des enfants.
Lors du diagnostic du cancer du sein, si c’est votre cas, il ne faudra pas hésiter à évoquer cette question avec vos médecins. En effet, il est important qu’ils puissent mettre en place des mesures pour préserver votre fertilité dès que possible et avant le début des traitements, si c’est votre souhait.
Ce n’est pas toujours faisable, car, dans certains cas les traitements doivent être administrés au plus vite.
De plus, certaines patientes apprennent qu’elles ont un cancer du sein durant leur grossesse. J’en parlerais à la fin de cet article.
Par ailleurs, les situations pour les patientes sont très différentes en fonction de la nature de la tumeur (hormono-dépendante ou pas).
Dans tous les cas, durant toute la durée des traitements contre le cancer du sein, il vous faudra adopter une contraception fiable et sans hormone (type stérilet / dispositif intra-utérin en cuivre ou préservatif).
Avoir des informations fiables sur les méthodes de contraception n’est pas toujours simple.
J’aime beaucoup les écrits de Martin Winckler et notamment son livre Contraception, mode d’emploi que je conseille (avec cependant, une grande réserve sur l’utilisation de l’implant contraceptif). L’idéal est d’avoir un gynécologue fiable car rien ne vaut un échange constructif et sain avec un médecin bienveillant.
Cancer du sein : comment anticiper une future grossesse ?
Lors d’un traitement contre le cancer, les équipes soignantes ont une obligation d’information sur la toxicité des traitements sur la fertilité.
De plus, pour préserver les chances de futures grossesses, plusieurs mesures peuvent être mises en place. Par ailleurs, une consultation d’oncofertitlité pourra être organisée.
Traitements et future grossesse : l’information est une obligation légale
Les équipes soignantes ont l’obligation légale d’informer les patients sur les conséquences des traitements médicaux sur la fertilité. Cette obligation a pour fondement la loi de Bioéthique dont la première version a été publiée en 1994. Elle a fait l’objet de plusieurs révisions. En 2018, plusieurs points sont en débat et risquent d’aboutir à une modification de la loi.
Cette loi prévoit dans son article L. 2141-11 :
« Toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, ou dont la fertilité risque d’être prématurément altérée, peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes ou de ses tissus germinaux, en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d’une assistance médicale à la procréation, ou en vue de la préservation et de la restauration de sa fertilité.»
Les mesures de préservation de la fertilité avec un cancer du sein
La plupart des traitements contre le cancer ont des effets négatifs sur la fertilité. En fonction des molécules utilisées, il existe une toxicité certaine ou probable.
Pour les hommes (qui peuvent aussi avoir un cancer du sein), les principales mesures consistent en la conservation des spermatozoïdes. Une conservation du tissu testiculaire peut également être prévue.
Pour les femmes, c’est moins facile. Les principales mesures sont la conservation des ovocytes et du tissu ovarien ou la congélation embryonnaire (pour un couple).
Certaines études en cours tendent à utiliser une impression 3 D pour créer un ovaire artificiel qui pourra accueillir des follicules ovariens. En 2017, l’université de l’Illinois a mené des essais de cette méthode sur les souris qui ont été encourageants.
Si cela vous intéresse, les résultats de cette recherche ont été publiés dans le prestigieux magazine scientifique Nature et sont disponibles ici : doi 10.1038/ncomms15261
Cancer du sein : qu’est-ce que les consultations d’onco-fertilité ?
Au sein de votre hôpital, il y a des consultations spécifiques sur l’oncofertilité. Si ce n’est pas le cas, rapprochez-vous d’un centre de référence de lutte contre le cancer.
Cette discipline de la médecine réunit des spécialistes de la fertilité et des traitements du cancer (médecins, biologistes).
Si une consultation ne vous est pas proposée, vous pouvez en demander une spécifiquement dans votre centre de soin. Vous pouvez aussi demander des coordonnées de spécialistes à l’extérieur de votre hôpital. À mon sens, il ne faut pas hésiter à le faire.
Une grossesse après les traitements du cancer du sein (chimio, chirurgie, hormonothérapie, etc)
Après les traitements contre le cancer du sein, et notamment la chimiothérapie, la patience est de mise. En effet, il est souvent recommandé d’attendre un à deux ans avant d’essayer de concevoir.
C’est le délai estimé pour que le corps évacue toutes les molécules des traitements du cancer du sein, mais c’est aussi le moment où le risque de rechute est le plus important.
Durant cette période, il est donc essentiel d’avoir une contraception fiable.
Est-il possible d’avoir une grossesse après le tamoxifène ?
Le tamoxifène est un traitement par hormonothérapie du cancer du sein. Il est donné pour soigner les tumeurs hormono-dépendantes des femmes en âge de procréer (et donc qui ne sont pas ménopausées).
Ce traitement est long puisqu’il se donne sur une période de 5, 7 ou 10 ans. Le bénéfice du tamoxifène est de réduire le risque de récidive d’un cancer du sein. Mais il est incompatible avec une grossesse, car il peut provoquer des malformations chez le fœtus.
En cas de traitement du cancer du sein par hormonothérapie, notamment sous tamoxifène, il vous faudra échanger avec votre équipe soignante sur les possibilités existantes en fonction de votre situation médicale et les délais à respecter que vous avez.
Comment réagir lors de la découverte d’un cancer pendant la grossesse ?
La vie est parfois bizarre et elle peut être cruelle.
Certaines femmes apprennent qu’elles sont malades d’un cancer, pendant leur grossesse, .
Sur ce sujet, je vous propose le témoignage de deux femmes dans cette vidéo faite par l’émission Allo Docteur :
Crédits photo de l’article de présentation sur la fertilité et cancer sein : © Artem Furman – Fotolia.com