Quand on a une maladie grave, une de ces saloperies qui nous tombent dessus alors que l’on était tranquille dans notre coin et que l’on a rien demandé, les « autres », plus ou moins proches peuvent avoir des réactions très diverses.
Ici, je ne vais pas parler des proches qui sont parfois malmenés, toujours affectés par cette maladie qui indirectement contamine aussi leur vie.
Non, je vais parler de tous ces êtres en « périphérie », que l’on croise dans notre quotidien sans y prêter vraiment attention. Ils appartiennent souvent à l’univers paramédical, mais pas seulement.
Bref, tous ces « autres », dans les traitements du cancer, vont bien s’apercevoir qu’il se passe quelque chose dans notre vie :la gardienne, la voisine, le boulanger, … Ça les intrigue, ça les titille, ils aimeraient bien savoir en étant bien sûr de ne pas être concernés vraiment.
C’est ce que j’appelle le syndrome « Voici », du nom du célèbre magazine. Les êtres humains se repaissent du malheur des autres en étant bien confortablement assis dans leur siège. C’est bien connu, le malheur n’arrive qu’aux autres.
Au fil des jours, les petites phrases s’accumulent, les aides et la bienveillance, elles, sont beaucoup plus rares.
Que voulez-vous ma bonne dame, il faut bien faire parler dans les chaumières.
Cela pourrait se résumer comme ça en effet.
Après les traitements contre le cancer, il y a un suivi.
Le mien a été un peu chahuté car :
- Mon oncologue est partie,
- La chef du service oncologie est partie,
Bref, si mon dossier médical à l’hôpital est épais comme un dictionnaire Larousse, plus personne ne me connait vraiment. Ni moi, ni cette foutue maladie laquelle, a en plus la coquetterie d’être relativement rare. Une femme sur 200 000 aura une tumeur vitelline de l’ovaire . Il a fallu que ça tombe sur moi. La poisse.
Donc, après quelques péripéties, je réussis enfin à avoir un rendez-vous avec un nouvel oncologue du service. Mais avant, il faut faire une échographie et une prise de sang. Rien de bien méchant, que du classique.
Je me rends donc dans un laboratoire d’analyse proche de chez moi. Ce n’est pas le plus agréable et je m’interroge toujours sur la compétence de toutes ces entreprises médicales. Qui contrôle la qualité de leurs actes ? La pertinence de leurs analyses ? Y a-t-il un classement de ces laboratoires comme il y en a pour les hôpitaux ? Ça vaudrait le coup de le savoir.
Pour le moment, je suis en train de me débattre avec la personne à l’accueil qui devant le marqueur tumoral HCG veut me faire le test de grossesse. C’est toujours la même histoire, la prise de sang dans le suivi d’une tumeur vitelline est toujours une galère.
La personne de l’accueil n’a jamais entendu dire que le HCG était un marqueur tumoral. Elle téléphone à sa « patronne » qui ne répond pas – il est manifestement trop tôt – puis demande à la préleveuse sur place. Elle ne connaît pas non plus. J’insiste en disant qu’il s’agit de la chaine libre et la préleveuse dit à sa collègue :
Tu n’as qu’à demander le HCG complet.
Arrivée dans la cabine, j’insiste encore pour que l’aiguille sélectionnée soit la plus fine possible. Mes veines sont dans un état lamentable et douloureuses. Autant limiter les dégâts et c’est faisable en prenant du matériel moins standard. Ce qui est toujours possible même si ça demande légèrement plus de temps au personnel.
La préleveuse prépare le matériel et me glisse en regardant bien droit dans les yeux.
C’est pour une rechute ?
Quelle idiote.
Non, c’est pour un suivi, pour la rechute je n’en sais rien.
Mais en quoi ça la concerne ? Si c’était pour une rechute, quelle aurait été son action pour soulager ma détresse ?
Il n’y aurait rien eu bien sûr, aucune main tendue, aucune aide. Ma situation ne la concerne pas. Je serais sortie en attendant les résultats. Ce que j’ai fait d’ailleurs, en n’étant pas très rassurée.
Vraiment la curiosité est un vilain défaut.
Le manque d’éthique aussi.
Crédits photo : © Oleksii Sergieiev – Fotolia.com
Personnellement j’ai été interrogé comme un criminel, pire qu’un interrogatoire de police que des reproches, à la fin j’ai envoyé balader ce médecin femme ceci est propre à l’hôpital,hospitalisé à l’ hôpital de TROYES4 semaines pour 6 examens, la dernière semaine 5 jours
pour passer un Doppler à la sortie.4 jours sans voir personne ni médecin et peu d’infirmières, d’ailleurs ce sont parfois les sous fifres qui distribuent les médicaments. Impossible d’avoir in médicament anti-douleur.
Bonjour ,
j’apprécie votre lettre ;on m’a retiré un mélanome et en faisant les examens ,on remarque une lésion sur le foie qui se révèlera un 2ème cancer très rare aussi;j’allais dans un labo ou le préleveur ,médecin biologiste me demande ce que j’ai ,je n’ai pas pu répondre car j’allais mal ,il s’est mis à chante « j’ai la rate qui s’dilate et le foie n’est pas droit » j’ai changé de labo ,c’est plus loin ,j’y vais en vélo ,ils piquent mieux et sont bien plus sympas!c’est le mot cancer qui reste très tabou ,on y met plein de choses fausses derrière ce mot ;vous le dites parfaitement bien il y a la maladie avec nos angoisses et la c……. de gens qui ne comprennent rien
Merci de votre témoignage.
Je reste toujours stupéfaite devant ce type de réactions. Vous avez bien fait de changer de labo.
La psychologie n’est pas au programme des études de mèdecine, je ne vois pas pourquoi la délicatesse serait au programme de la formation des aides soignantes qui font les actes dans les laboratoires.
Parce que la bienveillance devrait être une priorité dans ces professions même si cela ne s’apprend pas à la faculté.