La maltraitance des patients dans un hôpital n’est pas un phénomène marginal dans la délivrance des soins.
Dans un article précédent, je donne des exemples de témoignage de maltraitance physique à l’hôpital. La maltraitance peut être physique, elle peut être également psychologique.
Les centres de santé sont des un univers clos.
Il y a parfois le meilleur… mais pas toujours.
Dans les meilleurs services, il peut y avoir des actes de maltraitance dont les causes peuvent être très variées : épuisement des équipes, abus de pouvoir d’une personne, mauvaise maîtrise des procédures des professionnels, carence de personnel, défaut de formation des personnes en charge des soins, surcharge de travail, négligence, sadisme ou simplement non-respect du secret professionnel.
Les situations sont très variables.
Ces actes de maltraitance ne sont pas tous gravissimes. Cela étant, ils ne devraient pas exister.
Dans un livre que je recommande Le Livre noir de la gynécologie de Mélanie Déchalotte, il est beaucoup fait mention de maltraitance hospitalière. Certains cas sont proprement ahurissants dans un pays comme la France, autrement dit, en raison d’un système de soins pensé et organisé.
Martin Winckler, médecin, est également auteur et a écrit un très bon livre sur le sujet : Les brutes en blanc
Certains publics sont particulièrement fragilisés. C’est le cas d’une personne âgée ou d’une personne handicapée et de l’ensemble des personnes dépendantes.
Mais tous les patients peuvent en être victimes… et même des soignants, devenus patients qui semblent découvrir leur milieu professionnel sous un point de vue nouveau lorsque cela leur arrive.
Dans cet article, je ne dis pas que tous les soignants sont maltraitants (loin de là), mais que la maltraitance à l’hôpital existe et que c’est totalement inadmissible.
Signalement d’une maltraitance : Déposer plainte ou pas ?
Maltraitance hospitalière : comment réagir ?
En fonction de la gravité des faits subis ou observés, vous aurez plusieurs moyens de réagir à l’intérieur d’un établissement de santé ou à l’extérieur.
Pour vous aider, vous pouvez solliciter les associations de patients. Sur le sujet, il faut bien avouer qu’elles ne sont pas toujours très réactives. Il y a de fortes disparités entre elles.
Par ailleurs, l’article R.4127-44 du code de la santé publique (article 44 du code de la déontologie), précise :
Lorsqu’un médecin discerne qu’une personne auprès de laquelle il est appelé est victime de sévices ou de privations, il doit mettre en œuvre les moyens les plus adéquats pour la protéger en faisant preuve de prudence et de circonspection.
Lorsqu’il s’agit d’un mineur ou d’une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son état physique ou psychique, il alerte les autorités judiciaires ou administratives sauf circonstances particulières qu’il apprécie en conscience.
Évidement quand le médecin fait ce constat, mais que la violence, la négligence ou la maltraitance envers le patient provient des professionnels de santé eux-même… la situation devient compliquée. Et la tentation de mettre la poussière sous le tapis est grande, malheureusement pour le patient.
Les démarches possibles pour le patient à l’hôpital
Il faut tout d’abord demander son dossier médical dans son intégralité. Vous pourrez ainsi comparer votre propre vécu et les éléments contenus dans votre dossier. Cette demande doit se faire par écrit et de préférence envoyée en lettre recommandée avec accusé de réception.
Les frais de reprographie et d’envoi sont souvent à la charge du demandeur.
À la réception, vérifiez que votre dossier a bien des pages numérotées et qu’il est complet. Si ce n’est pas le cas, vous devez refaire une demande en précisant les pages que vous n’avez pas reçues.
Dans mon livre, Mieux vivre le cancer : La Bible, je dis que si vous êtes le témoin d’un dysfonctionnement, il ne faut pas hésiter à faire le signalement immédiatement. Cela peut-être à l’oral au chef de service ou à la cadre de santé (infirmière « chef ») lors d’un rendez-vous spécifique et à l’écrit au directeur ou à la directrice de l’établissement de santé (public ou clinique).
Au sein de l’hôpital, outre le directeur et le chef de service, vous pouvez saisir le médiateur. Ses coordonnées doivent être disponibles au sein de votre établissement de soins. Si cela n’est pas le cas, saisissez le directeur pour avoir ses coordonnées. Le médiateur va établir un rapport qui sera transmis à l’usager. Si celui-ci ne vous satisfait pas, vous pouvez saisir la Commission des Usagers au sein de l’établissement.
Signalement de la maltraitance hospitalière auprès des organismes externes
De plus, en tant que patient, ou aidant, vous pouvez contacter le numéro 3977. S’il est principalement destiné aux personnes âgées ou handicapées victimes de maltraitance, ce service peut aiguiller les autres victimes ou proches dans leurs démarches.
En dehors des instances de l’hôpital, vous pouvez saisir l’Agence Régionale de Santé (ARS). Chaque ARS dispose d’un service chargé d’examiner toutes les réclamations qui lui parviennent. Les coordonnées sont disponibles sur le site internet de l’Agence Régionale de Santé de votre région.
Vous pouvez également saisir le Défenseur des droits. Il est possible de faire une réclamation en ligne sur le site du Défenseur des Droits.
Vous pouvez déposer plainte auprès du Conseil de l’Ordre des Médecins… ça ne sert souvent pas à grand-chose… mais c’est toujours possible. Dans toutes les corporations, il est assez délicat pour un confrère de juger un de ses pairs.
Les patients et proches de victime de maltraitance à l’établissement de santé peuvent également saisir la Commission de conciliation et d’indemnisation.
Maltraitance médicale et le dépôt de plainte
En justice, les actes de maltraitance peuvent suivre deux procédures qui peuvent être parallèles : la procédure civile et la procédure pénale.
Dépôt de plainte et procédure civile
Si la maltraitance a été commise en cabinet privé ou dans une clinique (sans mission de service public), c’est le tribunal d’instance qu’il faut saisir.
Si un établissement public est mis en cause, c’est le tribunal administratif.
Maltraitance médicale et plainte au pénal
La procédure au pénal est prévue pour les fautes très lourdes.
Le procureur de la République demande au juge d’instruction de mener une enquête avec expertises médicales, confrontations des parties, etc. En fonction de ses investigations, le juge d’instruction va conclure s’il existe une infraction caractérisée ou pas.
Dans tous les cas, faire une signalement des actes de maltraitance des professionnels de santé est toujours difficile. Que cela soient des violences, des sévices, ou des humiliations.
C’est pour cela qu’il est très important d’être épaulé par des associations de patients actives et bienveillantes qui ne retournent pas la faute sur la victime.
Crédit photo de l’article sur la maltraitance des patients : © VILevi – Fotolia.com
Bonsoir,
J’ai appris que j’avais un cancer de l’utérus en décembre 2021. J’ai été hospitalisée une première fois lors de mon hystérectomie élargie. Cela n’a pas duré longtemps heureusement.
– J’ai pu me lever le surlendemain, l’aide soignante m’a laissé dans la salle de bain avec une chaise pour faire ma toilette. Un petit 1O min après, je me sens mal au bord du malaise. Je sonne, on me remet au lit avec ordre de ne plus bouger. Toute la journée j’ai été prise de malaises (9 en tout) où l’appareil se mettait à sonner. L’infirmière que j’appellerai Hélène, a passé son temps à m’engueuler en me disant que c’était juste du stress. Le lendemain elle me débinait devant le chirurgien en mettant mes malaises entre guillemets.
Je précise que la perf post-op était coudée et qu’elle n’a pas fonctionné de la nuit, cette hélène en question ne s’en était même pas aperçu… C’est l’aide soignante le matin qui l’a vu. Et je précise en plus que la pds du lendemain indiquait que j’étais anémique.
Bref on m’a traitée de simulatrice ou de chochotte je ne sais pas trop…
– Le jour du départ, on s’aperçoit que je suis anémique donc. J’ai une perf à avoir pour cette anémie avant de pouvoir sortir. Une autre infirmière que j’appellerai Françoise, me la pose. Un petit quart d’heure après, la perf fuit. Je sonne, elle arrive, trifouille la perf et repart en ayant augmenté le débit. Je ressens une douleur (je ne suis pas une douillette mais là ça faisait beaucoup). Je re sonne. Elle baisse le débit. Rebelotte une fuite je sonne pour la troisième fois, elle entre en hurlant « qu’est ce qu’il y a encore ? ça fait mal ou ça fuit ? »
– 11 jours après mon hospitalisation je fais une complication (thrombose, embolie) je vais aux urgences de cette clinique suite à un appel de ma généraliste qui me dit d’aller aux urgences sans attendre.
– En arrivant je me fais incendiée par l’urgentiste qui m’engueule parce que ma généraliste ne m’a pas fait de courrier. Texto : « je soigne des patients pas des résultats de labo »
– Là ils me font un premier scanner thoracique (présence d’une embolie)
– 2h après l’urgentiste revient et me dit qu’il faut que je refasse un scanner mais abdominal, il pense qu’il y a un problème.
– 1h après c’est l’urgentiste un chirurgien qui arrivent en me disant que je fais une péritonite et que si on ne m’opère pas je risque de mourir. Je précise que je n’ai pas de fièvre, pas de douleurs énormes, que j’ai mangé à midi et pas de soucis de transit. Après coup il s’avèrera que j’avais du liquide lymphatique dans le ventre et un léger hématome.
– J’obtempère pour l’opération, pas trop le choix à ce moment là.
– En salle d’opération, je dis « je n’ai pas envie d’être là ». 2ème opération en 11 j, mauvais souvenir de la première hospi, terrorisée bref j’étais très mal. Réponse du médecin anesthésiste « mais nous non plus on n’a pas envie d’être là »….
– Réveil extrêmement douloureux, avec en infirmière : hélène, celle qui me traitait de simulatrice. J’étais au bout du bout. Beaucoup de morphine pendant 24h.
– Le matin, un médecin passe et me dis texto « bonne nouvelle ce n’était pas une péritonite » ah oui quelle nouvelle extraordinaire effectivement… Pas plus d’explications. Je commence à déprimer
– le lendemain, vomissements sans arrêt, j’apprends que mes intestins sont bloqués. L’infirmière françoise, doit me poser une sonde gastrique. Je recule la tête instinctivement sans même m’en rendre compte, elle se met à me gueuler dessus et m’attrape violemment la tête pour plus que je bouge.
– Je suis sonnée, physiquement, psychologiquement, je sors d’un cancer, je suis victime d’une erreur de diagnostic et je suis privée de liberté et de droits.
– Le lendemain, visite de mon premier chir pour le cancer, qui hallucine qu’on m’ait opérée, il décide de me faire passer un scanner en douce. Je comprends à peu près ce qu’il s’est passé (liquide lymphatique, hématome)
– Durant tout mon séjour je n’ai eu aucune autres explications. Dès que je posais une question sur mon état on ne me répondait pas (chirurgien ayant fait l’erreur, infirmières etc) j’étais sois disant trop sensible… C’est très pratique pour eux
– Arrive le jour où on va enfin enlever ma sonde, ce jour là c’est hélène qui est là… J’angoisse à l’avance, je sais qu’elle est infecte et qu’elle va encore me pourrir. Je demande à la fin de la visite du matin, quand je pourrais boire, là on me dit qu’on me dira ça plus tard. Ok. Elle revient deux bonnes après pour enlever ma sonde et là elle pousse un cri de dégoût devant moi… Elle repart et me dit qu’elle repassera pour m’expliquer quand je pourrai boire.
– Il est 15h, je ne l’ai toujours pas vu revenir. Une jeune étudiante infirmière passe pour mes constantes. Je lui demande de demander à Hélène si je peux boire. Elle y va et l’autre lui dit qu’elle pensait que quelqu’un était passé, je demande à ce qu’elle vienne à la petite jeune, réponse non. Donc c’est la gamine qui m’a informée
– Le lendemain, encore hélène passe pour ma perf. Je ne savais pas ce qu’elle allait faire, je lui demande si elle enlève ma perf ou si elle la change. Réponse vous me ferez pas faire ce que je n’ai pas envie de faire.
– Dernier jour avec elle, et premier petit déjeuner depuis 1 semaine. Enfin, du café, une biscotte le bonheur pour moi. La personne qui distribue les petits dej a raté de peu le chir qui devait donner son accord. hélène m’a fait poireauté plus d’une heure, en inventant des excuses du genre qu’il n’y avait plus de bols en cuisine etc. Je me suis mise à pleurer (pas devant elle) tellement j’en pouvais plus et puis la femme de ménage est arrivée. J’en ai profité pour sonner, hélène arrive et là je dis devant témoin que ce n’est plus la peine de me ramener mon petit dej que l’heure du repas arrive et que c’est trop tard. Moins de 5 min après j’avais mon petit dej.
– le dernier weekend a par contre était meilleur. Une super infirmière, sympa, marrante était de service. Enfin un peu de répit.
– Quand je suis sortie le lundi matin, le chir m’a remis les papiers de mon hospi. Il manquait le scanner abdominal où il y avait soit disant une péritonite et le courrier fait pour ma généraliste était truffé de mensonges, il avait déformé la réalité pour que ça colle avec son erreur.
Aujourd’hui, je suis traumatisée, je ne vois plus aucun médecins… Plus jamais je vivrais ce cauchemar.
Ai-je été maltraitée ? Quelles sont les solutions pour que je m’en sorte psychologiquement ?
Bonjour Madame,
Tout d’abord, je vous prie de m’excuser pour le délai de réponse.
Il me semble que vous devriez envoyer une lettre recommandée à l’hôpital pour obtenir l’intégralité de votre dossier pour avoir le compte-rendu de l’opération en précisant la date.
Par ailleurs, personnellement (et donc, cela n’engage que moi), je signalerai vos différentes observations au directeur de l’hôpital.
Courage à vous
Tout d’abord, je suis sincèrement désolée pour ce que vous avez vécu. Oui c’est de la maltraitance, oui c’est traumatisant et oui c’est inadmissible.
Vous faites face à la défaillance de plusieurs personnes, c’est ce qui travaille le plus la tête. Chaque soignant est différent, certains ont à cœur d’être bien traitants, d’autres se vengent de leur vie sur les patients avec toute la médiocrité du monde. Votre stupide infirmière dont les actes et les paroles font honte à la profession.
Puis le chirurgien qui s’est planté et s’est empressé de se couvrir pour ne pas être inquiété. Car à l’hôpital c’est chacun pour soi, personne ne voudra prendre de balles à la place du gautif, au contraire on le charge. Il devient compliqué d’assumer une erreur seul ou à deux sans risquer de prendre pour tout un service. Ça n’excuse rien, c’est humain malheureusement. L’absence de noblesse de caractère alimente un système délétère : pas de sous, des méthodes managériales douteuses et ça se répercite sur des personnes en état de faiblesse qui joue leur vie en venant à l’hôpital.
Voilà c’est atroce et il nous faut trouver collectivement (et pas que les soignants) comment former un rempart à cette violence. N’ayez pas peur d’en parler autour de vous. Question procédure, il y a ce qui pourrait être fait idéalement et la réalité : l’ordre des médecins n’y entendra rien, l’hôpital se couvrira, couvrira son chir et vous accusera vous.
Bref, il faut avoir les reins solides et la première des choses à faire, c’est de vous rappeler à vous-mêmes que vous êtes une personne et que vous avez de la valeur humaine. Ce n’est pas normal ce que vous avez vécu et dramatiquement, vous n’êtes pas la seule. C’est atroce et nous n’avons pas le droit d’accepter ca.