Il y a quelques semaines, je regardais une vidéo du Président Macron dans un déplacement officiel à l’hôpital. Il était accompagné de la Ministre de la Santé, ancienne présidente de l’INCa. Autant dire qu’elle connait parfaitement les problématiques autour du cancer. La scène se passe dans les couloirs tristes de l’hôpital, sans doute un hall d’entrée.
Des soignants sont là. Un échange s’engage avec une femme que je crois être une infirmière. Elle interpelle le Président sur le manque de moyens de l’hôpital, l’exténuation du personnel soignant.
Le Président Macron lui répond d’abord calmement en disant que les réformes sont nécessaires, la réduction des coûts impérative, puis termine l’échange avec un ton relativement autoritaire.
Traitement du cancer et hôpital parapublic
Durant mes traitements, j’étais soignée aux Diaconesses. Le service d’oncologie était de taille modérée, le personnel soignant semblait y être bien. En oncologie, toutes les chambres étaient individuelles, petites, avec des sanitaires et des douches italiennes, détail bien pratique quand les déplacements sont difficiles et la mobilité réduite.
Les infirmières prenaient le temps de répondre à mes questions. Les aides-soignantes faisaient preuve de patience pour m’aider à me relever de mon lit, pour m’expliquer les techniques pour me lever sans trop de heurts. Le matin, l’interne d’oncologie « faisait le tour des malades ». Là également, elle faisait en sorte d’être disponible pour répondre à mes questions et prenait le temps de faire des recherches quand mes interrogations le nécessitaient.
Le jardin de l’hôpital était un sas où j’allais de temps en temps me dégourdir les jambes et prendre l’air en trainant derrière moi ma perfusion de chimio, chapeau vissé sur la tête pour me protéger du soleil.
Les finances de cet hôpital devaient être sous tension puisque tout le système de santé l’est, mais je dois dire que le patient n’en voyait pas vraiment les répercussions.
L’hôpital public à la dérive
2 ans après les traitements, changement de décor.
J’ai dû accompagner un proche dans un hôpital public parisien, pour plusieurs séjours. Appelons-le NEnM. Dans cet endroit, l’atmosphère était bien différente. Les médecins ne répondaient pas aux questions. Les patients comprenaient d’ailleurs assez vite qu’il était assez mal venu d’en poser. Les infirmières avaient les traits tirés, se faisaient disputer par les patients exaspérés. Elles n’étaient pas les seules, cela qui arrivait aussi aux médecins d’ailleurs. Les procédures élémentaires n’étaient pas rigoureusement respectées.
Dans cet établissement, j’ai plutôt observé des soignants qui (pour la plupart) essayaient de faire leur travail dans des conditions difficiles et qui tentaient malgré tout, de le faire bien.
Un jour, lors d’une consultation au NenM, la brillante spécialiste qui nous recevait n’a même pas pu faire une ordonnance… il n’y avait plus de papier… car plus de budget.
Dans un article précédent, je parlais du problème réel de la maltraitance dans les hôpitaux. C’est absolument scandaleux, totalement inadmissible. Seulement, quand structurellement, une institution devient maltraitante, cela « retombe » forcément sur les plus faibles, donc les patients.
Le burn-out des soignants existe. C’est un incroyable gâchis humain que de broyer cette compétence, cette rigueur, sur l’autel de je-ne-sais-quelle chimère. La médecine ne peut pas être rentable économiquement, tout comme l’éducation. Mais elle doit être « rentable » humainement. Cela ne veut pas dire qu’il faille jeter l’argent par les fenêtres. L’argent public doit être utilisé de manière optimale, pour que le service public de la santé soit d’excellence.
Cet idéal n’est plus vraiment dans l’air du temps malheureusement.
Dans cette longue descente aux enfers, l’hôpital public qui est l’honneur de la France, en est loin.
En août 2018, le magazine LE POINT a publié un dossier complet sur le palmarès des hôpitaux, mais aussi « l’état » du SAMU. Certaines des conclusions sont loin d’être rassurantes.
Un témoignage sur les soins dans un hôpital public
Sur mon site, j’aime inviter les lecteurs à partager leur vécu, leurs expériences.
Aujourd’hui, je vous propose une formule un peu différente. J’aimerais vous présenter la vidéo du journaliste Patrick CHENE, qui témoigne de sa vision de l’hôpital public, des traitements qu’il a reçu pour un cancer de la vessie et qui nous livre ses réflexions dans le magazine de France 5 C’est à vous.
Je suis d’accord à 100 % avec lui.
Pour revenir au propos du Président Macron du début de mon article, je suis d’accord avec le fait qu’il faut que l’hôpital se réforme, beaucoup de soignants souffrent, la situation se délite depuis des années. Il est temps de soigner l’hôpital et de le guérir de ses maux.
Mais réformer, ne veut pas forcément dire « adapter (vers le bas) les budgets ».
Crédits photo sur l’hôpital public: © imtmphoto – Fotolia.com
Chers,
j’ai souvent supprimé vos mails car je suis comme beaucoup inondé par des mails pro, spam et pub ++, mais cette fois ci j’ai décidé de regarder car j’ai vu le mot CANCER, et comme je suis oncologue, j’ai ouvert et regardé et bien sur je n’ai pas été surpris, car tout est vrai et u jour on dira encore plus, comme toute chose dans ce pays, la richesse n’est pas bien répartie et la beauté n’est pas bien conservé et la bonté n’est pas bien entretenue !
le tout doit service une seule chose, la capitale, je dit chose car même les capitalistes qui cherchent sans cesse de s’enrichir deviennent des choses et transformes leurs exploités, esclaves en des objets, des choses et des chiffres. c’est dommage que l’Homme appauvrit ce monde si riche par ses cupidités et mépris de ses semblables, par l’hypothèse qu’il est supérieur et qu’il se donne de droits qu’ils n’accepte jamais à autrui.
courage pour votre combat dont j’espère qu’il sera écouté et compris.