Chers lecteurs,
Aujourd’hui, je vous propose le témoignage d’Ajax qui exprime très bien le décalage qui peut exister avec nos proches, face à cette maladie pernicieuse qu’est le cancer
Bonjour Laetitia,
Ma difficulté a été principalement ma relation avec ceux qui m’entourent, amis, famille.
Je n’ai pas de signes extérieurs concernant ma maladie (cancer bronchique) Ma chimiothérapie ne me fait pas perdre mes cheveux et, par chance, je n’ai pas de nausées. Seulement une immense fatigue.
Mes proches ont du mal à assimiler le fait qu’extérieurement je suis exactement comme avant alors que je suis intérieurement dévasté.
D’autant plus, qu’ils sont inconsciemment dans le déni car ils n’ont pas envie d’affronter la vérité, en particulier mes filles.
Je les sens souvent irrités lorsque je leur dis que je ne peux pas faire telle ou telle chose car trop fatigué.
D’où un très grand sentiment de solitude.
Cordialement.
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Bonjour,
Je suis atteint d’une leucemie myeloide chronique et fuis en « rémission ». Mais prendrais ma chimio par voie orale à vie.
Je n’ai aucun signe classique de conséquence des chimiothérapies, pertes de cheveux…
Donc les gens ne voit pas quel est mon état, la fatigue constante. Je suis donc perçu comme quelqu’un douvent lymphatique.
La solitude affective de couple est mon lot. L’élan me manque et je ne vois pas comment une femme pourrais être attirée par un homme dans ma situation. La probabilité est infime. Je vis donc ça comme un impossible. Quand je tombe sous le charme d’une femme, très vite je renonce car en face la qualité d’empathie n’existe que dans le cadre amical pas pour une relation pleine.
C’est un cercle vicieux.
Les relations qui me paraissent accessible sont des femmes de 10, 15 à 20 ans de plus que moi qui en ai 60. Cette catégorisation de correspondance d’âge est difficile à vivre même si je peux apprécier une relation avec une femme beaucoup plus âgée que moi.
La spontanéité est soumise à trop de barrières pour qu’un horizon puisse exister.
Un miracle Peut-être…
Bonjour,
Je suis atteint d’un cancer de la prostate. Je n’ai pas à me plaindre de l’attitude de mon entourage si ce n’est un peu d’incrédulité de sa part lorsque j’évoque ma fatigue due à la chimio.
Par contre, essayez-donc de vous faire accepter par un assureur si vous avez l’intention de faire un emprunt.Bon courage car, là, vous êtes mis au banc de la société. Déplorable !!
Bonjour Ajax,
Votre commentaire m’a fortement interpellé, j’aurais en effet pu en faire un copier-coller, filles comprises, pour expliquer ce que je vivais il y a quelques mois.
Moi aussi j’ai un cancer bronchique et la chimio que j’ai suivi (Cisplatine et Navelbine) n’a eu aucun effet extérieur : pas de perte de poids, pas de perte de cheveux, pas de nausées, seulement une énorme fatigue, conséquence d’une forte anémie doublée d’une neutropénie.
Moi aussi mes filles ont été dans le déni et j’ai eu beaucoup de mal à leur faire comprendre mon état. J’y suis arrivé en les faisant participer à mon traitement, en leur montrant l’évolution de mes analyses, en les amenant à une de mes consultations avec mon oncologue, en leur demandant de venir me voir lorsque j’étais en traitement, alité et sous perfusion, et surtout en laissant le temps au temps de façon qu’elles puissent assimiler le fait que leur père soit atteint d’une maladie grave.
Mes 16 semaines de chimio ont été un échec complet et ne m’ont apporté qu’une neuropathie très invalidante. Je suis actuellement sous immunothérapie et cela va beaucoup mieux.
Mais il est vrai que la solitude, je l’ai connue, pendant des mois, et que cela n’est pas facile à vivre. Mais dites-vous que si vos filles réagissent de cette façon, c’est qu’elles vous aiment et refusent l’idée de vous voir disparaître un jour. Laissez faire le temps, faites les participer, et petit à petit elles passeront du déni à l’acceptation et à la compréhension et vous entoureront de tout leur amour et de tout leur soutien.
Cordialement.
Pierre