Dans la (presque) vie de tous les jours, tout à chacun doit régulièrement faire des analyses médicales dans un laboratoire en ville ou passer une anodine radio.
Résultats sous le bras, le patient retourne voir son médecin pour décider de la suite à donner à ces recherches.
Seulement, le médecin qui se penche sur les résultats détectent des incohérences voire des absurdités : « une déchirure ligamentaire » qui ne ressemble pas à une « déchirure ligamentaire » et qui se révélera être… un sarcome ; « très bonne vision des deux ovaires » pour une échographie alors que ses organes ont été retirés il y a quelques années, un taux de LDH aberrants compte tenu de l’antériorité, etc.
Dans la vie professionnelle, les salariés sont évalués en permanence, les critères sont connus. Dans la sphère internationale, les états sont notés par les agences de notation plus ou moins indépendantes, idem dans le milieu financier. En résumé : tout agent ayant une fonction, doit atteindre des résultats quantitatifs et qualitatifs. L’évaluation est la mesure de l’atteinte des objectifs.
Dans le milieu médical, il y a… rien. Sauf, quelques hôpitaux noté par des des journaux périodiquement. Concernant les laboratoires des analyses médicales et de radiologie, dont la rigueur et le sérieux sont déterminants pour la prise en charge des patients, c’est le vide, le néant.
Il y a de la concurrence, c’est vrai. Le patient à le choix. A Paris, il y a des laboratoires d’analyses médicales à chaque coin de rue : des petits, des moyens, des grands. Sauf que… ce n’est pas une concurrence pure et parfaite – comme diraient les économistes – car la qualité du travail de ces laboratoires d’analyses médicales est totalement opaque. Le brave patient fait donc confiance « les yeux fermés » aux biologistes et radiologues qui voudront bien lui faire une esquisse de sourire, si le cœur leur en dit et croiser les doigts pour que les analyses soient fiables.
Il y a la qualité dans l’analyse et la qualité dans la restitution des résultats. Dans la mesure où tout est informatisé, il n’est pas compliqué « informatiquement parlant » de proposer la restitution d’une valeur importante dans le suivi du patient (marqueurs tumoraux, ferritine, créatinine, urée, …) sous forme de graphique sur les 5 voire les 10 dernières analyses. Ce n’est pas compliqué, encore faut-il que le biologiste responsable du laboratoire ait envie d’aller plus loin que le bout de son petit nez et fournir un réel travail d’analyse à ses patients et ses collègues médecins.
En 2013, les laboratoires d’analyses médicales ont fait plusieurs fois grève contre une réforme qui imposerait une nouvelle norme, appelée ISO 15189. Cette norme tendrait à accélérer leur concentration, favoriser les grands laboratoires et les Hedge Funds. Si cela s’accompagne d’une plus grande transparence dans le travail fourni et d’un gain de qualité dans les analyses faîtes, le patient y gagnera… ce qui sera déjà une petite victoire pour lui.
Et si cela pouvait s’accompagner d’une évaluation transparente et publique des analyses faites, voire d’un label qualité (à l’image de « qualibat » dans le bâtiment ou « AB » dans l’alimentation), cela ne pourra pas faire de mal à ce secteur.