Cancer du sein : Comment se passe la reconstruction mammaire? Quelle technique choisir ? A quel prix ?

Après le diagnostic d’un cancer du sein et une mastectomie (ablation du sein), peu de femmes ont recours à la reconstruction mammaire.  Cette reconstitution du sein concerne environ 30 % des patientes.

La reconstruction du sein peut se faire immédiatement après l’ablation. Elle peut également se faire à distance de la chirurgie et des traitements comme la radiothérapie. Dans ce cas, on parlera de reconstruction tardive.

Le choix de ce délai d’intervention revient à l’équipe médicale qui donnera son avis en fonction de la situation médicale de la patiente et du protocole de soins suivi.

Dans cet article, je vous propose un développement sur les informations que j’estime indispensables sur la problématique de la reconstitution du sein après une chirurgie. Comme un dessin vaut mieux qu’un long discours, j’ai intégré des vidéos que je trouve intéressantes sur le sujet. Certaines filment des salles opératoires et les images peuvent heurter certaines sensibilités.

Par ailleurs, si vous souhaitez partager votre expérience, n’hésitez pas à laisser un commentaire en fin d’article.

Cancer : Que faire avant la reconstruction du sein ?

Pour moi, un patient bien éclairé sera mieux armé pour suivre les traitements du cancer du sein. C’est dans cet esprit que j’anime ce site et ai écrit mon livre Mieux vivre le cancer : La Bible.

Ainsi, il ne faut pas hésiter à préparer bien en amont votre consultation et à interroger votre chirurgien sur :

– les formes d’interventions chirurgicales possibles pour vous (il existe plusieurs forme d’opération du cancer du sein),

– les techniques de reconstruction qu’il pratique lui-même (on ne peut pas être spécialiste en tout),

– en fonction des méthodes, combien d’interventions chirurgicales (et donc d’anesthésies) sont nécessaires ? Certaines techniques de reconstitution du sein sont plus légères que d’autres et c’est important de le savoir pour faire un choix éclairé.

– quelles seront les durées de l’intervention, de l’hospitalisation, de la cicatrisation et de la convalescence ?

– si c’est lui qui opérera ou un de ses confrères voire un interne sous sa surveillance. C’est votre corps, vous avez le droit de savoir.

En fonction des techniques de reconstitution du sein, les tarifs et dépassements d’honoraires pratiqués peuvent être différents.

Quel est le prix d’une reconstruction mammaire ?

En France, le traitement du cancer est pris en charge au titre d’une affection longue durée qui permet le remboursement à 100% des soins. La reconstitution mammaire fait partie de cette affection longue durée.

Cela étant, si vos médecins (chirurgiens, anesthésistes) exercent en secteur II – honoraires libres – vous pouvez être amenée à payer des dépassements d’honoraires. C’est systématiquement le cas dans les cliniques privées. Cela peut également être possible à l’hôpital où certains praticiens hospitaliers ont des actes en secteur II.

Selon l’état du droit en 2018, si les dépassements d’honoraires sont de 70 € ou plus, vos médecins doivent vous fournir un devis avant l’opération, comme le précise le site de l’Assurance maladie à ce sujet.

À titre d’exemple, une reconstitution mammaire peut être facturée 1 500 €, 2 000 €, voire 4 000 €.

Certains chirurgiens pratiquent une modulation de leurs honoraires en fonction du but : si c’est un traitement chirurgical du sein avec un objectif exclusivement esthétique, ce sera plus cher qu’une chirurgie « simplement » réparatrice.

Mieux vaut donc être informée avant. Le contraire est, de toute façon, illégal.

Une fois que vous aurez un devis, vous pourrez vous rapprocher de votre complémentaire santé pour connaitre son niveau de prise en charge. Vous pourrez également négocier avec votre médecin des honoraires à la baisse pour les « ajuster » à votre remboursement…ce qui ne veut pas dire que la qualité de l’intervention sera également à la baisse.

A ce propos, le témoignage d’Isabelle Sarfati chirurgienne esthétique qui fait de reconstruction du sein est intéressant.

Et la conférence  du Docteur Honard faite à l’Institut Gustave Roussy :

https://youtu.be/YbgAxWCw4oc

Quelles sont les différents types de reconstruction du sein ?

Après une mastectomie, il existe quatre grandes catégories de reconstruction mammaire après un cancer du sein.

Tout d’abord, il y a la reconstruction du sein par prothèse, c’est la méthode « historique ».

Ensuite, il y a la reconstruction par lambeau du grand dorsal. Cette forme d’intervention chirurgicale est très utilisée en France.

Puis, il y a la reconstitution mammaire par DIEP.

Enfin, il y a la reconstruction du sein par injection de graisse.

Au niveau de la peau, concernant le mamelon et l’aréole, si les femmes concernées le souhaitent,  ils sont redessinés avec un tatouage adapté. A mon sens, il est nécessaire de souligner que l’encre de tatouage peut avoir un risque d’intolérance ou d’allergie. Ainsi, je ne peux qu’inciter les femmes qui le souhaitent, à bien se renseigner avant de redessiner le mamelon et l’aréole pour limiter le risque au niveau de la peau. Dans ce cadre, le chirurgien sera de bons conseils. S’il ne l’est pas, il faut demander un autre avis à un de ses confrères plus ouvert sur la dimension esthétique.

Voici une vidéo, que je trouve très didactique, qui explique les trois principales méthodes de reconstruction :

Comment se passe la reconstitution du sein par prothèse (implant) ?

L’utilisation de l’implant est toujours usuelle, malgré les scandales qui ont affecté sa réputation avec les prothèses PIP et aux implants mammaires micro texturés. Elle nécessite plusieurs interventions et est assez lourde pour les patientes.

En 2018, les prothèses utilisées contiennent du gel de silicone qui permet une bonne tolérance.

La taille de l’implant est choisie en fonction du volume initiale de la poitrine.

Les complications éventuelles sont dues à l’acte de chirurgie en lui-même, mais aussi à la tolérance de la prothèse. Les plus courants sont :

– une hémorragie,

– une infection,

– apparition d’une croque contractile (membrane rigide / contracture capsulaire),

– un rejet de l’implant,

– une migration de la prothèse.

Après la reconstitution mammaire, les prothèses doivent être changées tous les 10 ans. Ce qui est – il faut bien le dire – très pénible.

Voici une vidéo faite par le centre Henri Becquerel sur la reconstruction mammaire après un cancer :

Qu’est-ce que la reconstitution du sein par lambeau du grand dorsal ?

C’est la forme de reconstruction mammaire la plus classique. Depuis quelques années, il y a des alternatives pour refaire le sein en limitant les séquelles, comme nous le verrons ci-après.

Cette méthode consiste à prélever le muscle appelé « grand dorsal » dans le dos, à le faire pivoter en passant sous le bras, pour l’implanter à l’emplacement du sein retiré. Ainsi, le tissu utilisé reste vascularisé.

Parfois, la reconstruction du sein par lambeau du grand dorsal est complétée par une prothèse. Dans ce cas, le muscle recouvre la prothèse.

Une cicatrice est visible dans le dos.

Outre les complications déjà citées dans le paragraphe précédent, avec cette technique, il peut y avoir des nécroses du muscle prélevé et une accumulation de la lymphe à l’endroit du prélèvement.

La reconstruction mammaire par grand droit abdominal (muscle du ventre), aussi appelée TRAM ou turbo-tram, s’apparente à la technique par lambeau du grand dorsal. C’est une variante en quelque sorte.

DIEP et reconstruction mammaire après un cancer du sein

L’acronyme DIEP vient de l’expression anglaise deep inferior epigastric perforator.

En France, peu de chirurgiens pratiquent ce traitement pourtant prometteuse pour les patientes ayant eu une chirurgie pour un cancer du sein.

Avec cette technique du DIEP, ce sont les tissus du ventre (adipeux et peau) qui sont utilisés pour reconstruire le sein.

La technique DIEP est moins lourde, moins mutilante que la reconstruction du sein par lambeau, car les muscles sont préservés.

Toutes les femmes ne peuvent pas recourir à la DIEP… dans ce cas précis, mieux vaut avoir une réserve graisseuse sur le ventre que des abdominaux ressemblant à des plaquettes de chocolat.

La forme d’intervention par le DIEP qui permet d’utiliser le tissu de la propre patiente pour reformer un sein a des déclinaisons intéressantes comme :

– le SGAP (Superior Gluteal Artery Perforator) : la graisse provient du haut du fessier,

– le l’IGAP (Inferior Gluteal Artery Perforator) : le prélèvement se fait dans le bas du fessier,

– le PAP (Profunda Artery Perforator) : le tissu adipeux est prélevé à l’intérieur de la cuisse.

Voici une vidéo de témoignages de patiente et d’un chirurgien qui utilise cette méthode :

Et l’avis de la reconstruction du sein par DIEP par une équipe d’Ajaccio :

Avec ces techniques de reconstruction après une ablation du sein, des cicatrices sont visibles à l’endroit du prélèvement graisseux et de peau.

Pour avoir des coordonnées de praticiens du DIEP, vous pouvez vous rapprocher de l’Association pour la Reconstruction du Sein par DIEP ou demander à votre oncologue et médecin traitant s’ils connaissent des confrères qui la pratiquent.

La reconstitution mammaire par injection de graisse (lipomodelage ou lipolifting)

Le lipomodelage utilise la propre graisse (tissus adipeux) de la patiente pour reconstruire le sein qui a été retiré par chirurgie.

C’est une technique de reconstitution relativement récente, elle reste encore méconnue. Le tissu adipeux est prélevé au niveau des hanches ou du ventre et l’injection permet de modeler le nouveau sein.

Le lipomodelage est possible directement après la mastectomie ou à distance des traitements du cancer du sein. Elle est aussi envisageable, en cas d’échec de pose d’une prothèse interne.

Voici, en image, une présentation de cette reconstitution mammaire par injection de graisse :

Cette technique permet de ne pas avoir de cicatrice supplémentaire.

Voici une vidéo sur la reconstruction mammaire sans prothèse (attention, ce sont des images de chirurgie qui peuvent heurter les sensibilités). Ce reportage a été réalisé par l’émission Allo Docteur :

Cancer : Que faire après la chirurgie réparatrice du sein ?

Le temps d’hospitalisation et de récupération peut être long.

Vos médecins vous conseilleront sans doute de vous rapprocher d’un kinésithérapeute pour récupérer une bonne mobilité à l’épaule, limiter les hématomes et les œdèmes et travailler sur la souplesse des zones touchées.

Dans le même esprit, il est important que l’on vous montre comment masser le sein reconstruit et à quelle fréquence vous devez le faire.

Connaître et pratiquer les sports pour mieux vivre le « cancer du sein » est toujours utile et très bénéfique parfois. C’est par exemple le cas, des Dragon boat, fait par d’anciennes malades du cancer du sein.

Le ressenti de chaque patiente est très différent après une reconstitution du sein. Voici des témoignages éclairants de patientes suivies au CHU de Montréal :

Après les traitements du cancer du sein, il faut se laisser du temps pour « digérer » ces épreuves et se réapproprier son corps. Dans cette nouvelle étape, se rapprocher des associations de patients, participer à des groupes de parole ou avoir un suivi psychologique par un professionnel habitué à ces problématiques peuvent constituer des aides importantes et se sentir soutenue.

En parallèle, si vous souhaitez approfondir ce thème, voici un article sur la mastectomie radicale et ses témoignages. A mon sens, il est toujours éclairant d’avoir les avis et retours d’expérience sur les femmes qui ont déjà vécu cette étape. Ca ne change pas notre propre vie, ni notre bonne santé, mais cela permet d’avoir un peu plus d’éléments pour faire ses propres choix.

Licence photo : présentation reconstitution mammaire  : © vladimirfloyd – Fotolia.com